• Sarkozy, le révolutionnaire d'opérette

    Sarkozy, le révolutionnaire d'opérette

    25 sep 2008Par 
    MEDIAPART
    • Quand en 1995, à la veille de l'élection présidentielle, le candidat Jacques Chirac

    •  avait construit un étrange programme, écrit pour moitié par l'hétérodoxe

    • Philippe Séguin, flanqué d'un conseiller encore inconnu, Henri Guaino,

    • et pour l'autre moitié par le très libéral Alain Madelin ;

    • et qu'il avait ensuite battu la campagne, appelant un jour à réduire la fracture sociale,

    •  le lendemain à réduire les déficits publics, il s'était attiré à juste titre

    • les moqueries des humoristes. Sur un registre dont on se souvient

    •  : imprévisible Jacques Chirac! Il était devenu le fils spirituel de Margaret Thatcher et de Georges Marchais.

       

      A écouter, Nicolas Sarkozy, jeudi, à Toulon, définir les priorités de sa politique économique,

    • c'est un peu la même réflexion qui traversait à l'esprit.

    • Car il a fait indéniablement un étrange discours, marqué de folles embardées.

    • Avec par moments des tirades enflammées contre le capitalisme,

    • très fortement teintées de souverainisme. Et, puis, quand il a fallu en venir

    • aux propositions concrètes, le ton est soudainement retombé.

    • Le propos est alors devenu terne. D'une orthodoxie à pleurer.

    • Sans souffle. En bref, d'un classicisme désespérant.

       

      Des effets de tribune, Nicolas Sarkozy, avec l'aide du même Henri Guaino

    • , en a donc fait d'innombrables, pronostiquant «la fin d'un monde»,

    •  celui de la finance sans contrôle ; dénonçant une «idée folle»,

    • celle de «la toute puissance des marchés»

    • s'indignant de ce système avantageant «le spéculateur plutôt que l'entrepreneur»

    • – un peu avec la même sincérité que François Mitterrand dénonçant

    • en d'autres temps «ceux qui s'enrichissent en dormant».

    • Oubliant au passage qu'il a été l'une des figures déterminantes

    • de cette génération de responsables politiques qui,

    • dans le milieu des années 1980, a chanté les louanges,

    •  avec Edouard Balladur, des privatisations ou de la déréglementation bancaire,

    •  financière et boursière; ou les vertus, ensuite, avec son ami Alain Minc,

    •  de «la mondialisation heureuse». De la mondialisation accélérée et dérégulée...

       

      Oubliant tout cela, Nicolas Sarkozy a donc promis des jours meilleurs.

    • Pas tout à fait le grand soir, mais pas loin : «Le laissez-faire, c'est fini!»

      Mais après ces grandes envolées, qu'a-t-il annoncé?

    •  Pas grand choses, pour ne pas dire rien du tout.

    • Rien de bien nouveau en tout cas; rien de très concret.

       

      Faisons les comptes des dossiers, dans l'ordre où le chef de l'Etat

    •  les a lui-même évoqués. Très volontariste, il a ainsi annoncé qu'il fallait

    • «réglementer les banques», et que la France n'échapperait pas à cette réflexion :

    •  «L'Etat jouera un rôle actif.» Mais de qui parlait le président: de Dexia, de Natixis ?

    •  Ou d'autres, au risque d'affoler les Français sur la situation de leurs banques?

    • Et que fera précisément l'Etat? Mystère: le ton était énergique; la mesure concrète évanescente.

       

      «Nous allons décider de contrôler les agences de notation», a encore tonné le chef de l'Etat.

    •  Mais comme la chancelière allemande, Angela Merkel,

    • défend le projet depuis bientôt deux ans et qu'il n'a depuis que très peu avancé,

    • on se prenait à penser, en écoutant Nicolas Sarkozy, qu'il se réveillait bien tard.

    •  Et qu'au train où vont les choses avec cette réforme, les belles promesses n'engagent,

    • comme toujours, que ceux qui y croient...

       

      Le verbe haut, avec autorité, le chef de l'Etat a aussi annoncé

    • que l'on pouvait compter sur lui pour se battre pied à pied contre la récession,

    •  si d'aventure elle gagnait du terrain, si l'activité fléchissait:

    • «Je n'hésiterai pas à prendre les mesures nécessaires

    • Mais on a aussitôt compris que, dans l'immédiat,

    • il n'y aurait aucune mesures concrètes nouvelles, puisqu'en vérité, elles étaient déjà prises...

    •  depuis plus d'un an. Formidable tour de bonneteau: le chef de l'Etat

    •  a ainsi fait passer les mesures de juillet 2007 en faveur des très hauts revenus,

    • comme la quasi suppression des droits de succession ou

    •  l'allègement de l'impôt de solidarité sur la fortune

    • comme une arme... anti-récession. Gonflé!

       

      Preuve d'ailleurs, qu'il n'y a pas de mesures miracles à attendre,

    •  Nicolas Sarkozy a aussi entonné une ode à la rigueur et au désendettement :

    • «On ne peut pas de dispenser des efforts nécessaires

    •  pour surmonter la crise.» Du Chirac pur sucre, décidément.

       

      Au passage, Nicolas Sarkozy a d'ailleurs fait un clin d'œil

    • involontaire à son prédécesseur. Tout fier de son audace,

    • il a annoncé la suppression prochaine de la taxe professionnelle.

    • Depuis que Jacques Chirac, premier ministre, a créé en 1975

    •  ce prélèvement que François Mitterrand a très vite affublé du sobriquet

    • d'«impôt-imbécile», tous les gouvernements, ou presque, depuis trois décennies,

    •  ont fait la même promesse. Comme quoi, il ne faut jamais désespérer.


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :