• les conti a Paris: olivier avec nous ...

    http://www.npa2009.org/content/les-conti-en-manif-%C3%A0-paris-24-juin

    nterview avec Didier Bernard (CGT) de Continental Clairoix

    « Ils pourront compter sur nous » 

    Est-ce que tu peux nous raconter comment vous vous êtes organisés, au début et au cours de votre combat ?

    Au tout début, quand on appris la nouvelle, ça a été un coup de massue terrible. C’était la fermeture d’une usine qui fait des bénéfices, gérée par des patrons voyous. Dans une incompréhension la plus totale pour les ouvriers qui pensaient, qu’avec le dernier accord de 40 heures, un avenir à Continental Clairoix était assuré, du moins jusqu’en 2012. Quand il y a eu l'annonce de la fermeture, tout le monde est tombé sur le cul.

    Avec l'aide d'un ancien ouvrier de Chausson Creil, a été élaboré une ligne de conduite qui tendait à tout décider en assemblée générale et puis on est rentré en lutte. Cela a été relativement facile. Les gens étaient écoeurés mais pas résignés, ils voulaient donc se battre.

    Pendant les six premières semaines il a fallu aussi batailler au sein de l’intersyndicale. Mais à un moment il y a eu enfin un front commun, plus fort, plus uni, alors, tout le monde s’est lâché et enfin nous sommes rentrés dans une vraie bataille. Ça a été long, mais on y est arrivé. 

    Qu’avez vous eu comme revendications ? C’était le maintien de l’emploi avant tout ?

    Oui. Syndicalement parlant, au départ on était contre la fermeture. Mais comme le plan social venait de démarrer, et que la direction nous avait rapidement confirmé que de toute façon la fermeture serait irrémédiable, nous ne pouvions donc plus nous permettre de perdre de temps sur la non-fermeture: quand le plan social aurait été légalement terminé nous n’aurions plus rien eu à négocier. Alors, on a changé notre fusil d'épaule et on a décidé de discuter et de négocier. Mais tout ceci en dehors du plan social. On ne discute plus de la non-fermeture, mais on discute de nos revendications, pas des leurs. On a mis deux mois pour y arriver

    Si le groupe avait été Français et non pas Allemand, peut-être qu'on aurait pu encore faire certaines choses, mais le fait que ce soit un autre pays, et au vu de la distance, nous ne pouvions pas faire grande chose. Donc, on s’est battu pour obtenir des garanties, des droits pour nos camarades, ainsi qu’une prime exceptionnelle pour le préjudice moral subi. 

    Qu’est-ce que vous avez obtenu exactement ?

    On a été floué avec l’accord des 40 heures qui stipulait « un avenir radieux » jusqu’en 2012. Donc, la première revendication, c’était le maintien des contrats de travail jusqu’à fin 2011, début 2012 et on l’a obtenu (respect des engagements de l’accord 2007 sur le retour aux 40 heures). Il y aura quelques mois de chômage partiel et quelques mois   payés par Conti. Et surtout il y a 23 mois de congé de reclassement, alors que légalement parlant, c’est 9 mois. C’est Continental qui paie l’intégralité de ce congé de reclassement. Ce sont quatre vingt pour cent du salaire net jusqu'à 2012, ainsi nous ne tomberons pas dans la précarité et cela nous laisse du temps avant  d’arriver au chômage, pour tous ceux qui n’auraient pas été reclassés.

    Vous obtenez combien comme prime de départ ?
    C'est la deuxième revendication. La prime de départ est de 50.000 net de toute imposition pour tout le monde. L’avantage c’est que on a chez nous des gens avec trois ou quatre ans d’ancienneté. Sans prime, ils seraient partis avec 2 400 ou 3 000 euros, c’est-à-dire que dalle.

    Pour les anciens, forcément, c’est un bonus parce que c’est une prime non-prévue (supra légale), qui double quasiment leur prime de départ. Mais surtout pour les jeunes, qui dès leur embauche ont acheté des maisons, c'est un bol d'air.

    La troisième revendication : c’est la mesure d’âge, qu’on appelle la mesure de portage pour les plus anciens. On a réussi à faire en sorte, qu’avec les mesures légales maximales, les 116 personnes à partir de 51 ans et demi se retrouvent de fait en quasi retraite. Avec des mesures de portage quasiment payées intégralement par Continental (retraite maison). Ainsi, les trois revendications majeures que nous avions depuis trois mois, et ceci depuis le début, sont quasiment toutes arrivées à terme, et obtenues à 100 %. 

    Et qu’est-ce que vous comptez faire maintenant ?

    Il y a sept de nos camarades qui sont poursuivis pour le saccage de la sous-préfecture de Compiègne. Aujourd’hui, nous luttons pour l’arrêt des poursuites contre nos camarades. Ce ne sont pas des criminels notoires, mais des travailleurs honnêtes et respectables qui ont travaillé dix ou vingt ans et qui se sont senti lâché et trahi par Continental, et par l’Etat et la justice, complices des patrons voyous qui font des bénéfices et ferment des boîtes.  

    Ne pensez-vous pas qu’un appel « des Conti » à l’ensemble de salariés victimes de plans de licenciements rencontrerait un écho important ?

    Non seulement je le pense, mais j’en suis persuadé. Durant notre combat on a été soutenu et suivi par différentes boîtes, qui ont été maltraitées, délocalisées, licenciées, fermées. J’espère qu’au travers de ce qu’on a fait, même si au final il y a une fermeture, nous avons montré qu'on peut obtenir des garanties et des moyens pour nous permettre, peut-être de traverser la crise, peut-être d’être reclassé ou retrouver du travail. J’espère que tout ça aura insufflé quelque part l’idée de se battre et de combattre. Des gens pensaient que tout cela était inutile, sans espoir... Non seulement on a prouvé le contraire, et que même désespérés, on peut arriver à quelque chose. Tout combat est bon à prendre. Tout combat est bon à faire. 

    Est-ce que vous allez continuer à rencontrer les travailleurs de Goodyear ou les travailleurs de Lear ?

    Oui, en effet, nous allons continuer. Nous avons quelques mois devant nous avant le congé de reclassement. UTI, Lear, Smile, Goodyear et alentours, tous ceux qui ont besoin de nous, pourront compter sur nous. On l’avait dit, répété à tous ceux qui voulaient notre soutien et surtout entendre cela. Ils peuvent compter sur nous .Et ça, ce n’est pas un mot en l'air. Les copains, les camarades, tous ceux qui sont dans la détresse ou dans une merde patronale, tous ceux là pourront compter sur nous. 

    Propos recueillis par NPA Compiègn


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